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Constant LECLERCQ, un instituteur hors norme

Lorsque Constant Leclercq débarqua en 1931 comme nouvel instituteur à l’école Communale des Garçons de Nil-Saint-Vincent, nul ne soupçonnait un seul instant le séisme que celui-ci allait engendrer dans le petit monde scolaire villageois.

Né à Wavre, le 13 novembre 1901, celui-ci est fils d’un marchand de bestiaux et boucher. Le domicile familial était situé au 72 de la rue du 4 août à Wavre. Du côté maternel, il est issu d’une famille très catholique. Ainsi, dans sa proche parenté, il y eut un frère des Ecoles chrétiennes et une soeur franciscaine. Sa tante maternelle fut institutrice à Erembodegem. Constant Leclercq épousa à Wavre, le 18 avril 1927, Marie-Louise Paul (la soeur du boulanger Albert Paul) née le 14 février 1898 à Wavre. De leur union, naquit une fille ; celle-ci fut d’ailleurs la première Alice du jeu de Jean et Alice en 1954.

Constant Leclercq fut désigné par la commune de Nil-Saint-Vincent-Saint-Martin pour succéder à Alfred Châtelain en 1931. Ce dernier venait d’être démis de ses fonctions pour avoir quitté son logement d’instituteur sans en avertir les autorités politiques locales. D’emblée, le nouvel instituteur séduisit nombre de parents par sa nouvelle pédagogie, son style et son empathie. Mais, lorsqu’il s’est agi de nommer ce nouvel instituteur à la rentrée scolaire de 1932, coup de théâtre… Ce fut Joseph Masset, proche parent du bourgmestre Sylvain Hoslet, qui fut désigné à ce poste vacant. Auprès d’un certain nombre de parents, ce fut la consternation, d’autant plus qu’il avait assuré l’intérim à la grande satisfaction de ceux-ci.

La déception se transforma rapidement en colère. Plusieurs parents s’en offusquèrent auprès des autorités politiques communales, d’obédience catholique. Sourd à cette contestation, le pouvoir politique en place ne s’attendait pas à la réaction. La fronde déboucha sur la création d’une nouvelle école (l’école Natura, située dans la Rue Saint-Vincent, qui concurrencera désormais l’école communale des Garçons de Nil-Saint-Vincent dirigée par l’instituteur Joseph Masset) et Constant Leclercq fut rappelé pour en être l’instituteur, requête que celui-ci accepta immédiatement à la grande satisfaction des parents rebelles.

Mais, revenons à ce Constant Leclercq qui marqua de son empreinte la vie scolaire niloise. Pour l’époque, cet instituteur était considéré comme un véritable
« révolutionnaire », tant dans le cadre de l’enseignement proprement dit que pour sa conception de la vie en général.

L’atmosphère à l’école était familiale. Peu de réprimandes, quasiment pas de punitions. Le maître, comme on l’appelait à l’époque, était considéré comme un grand frère, se souciant bien souvent des petits soucis de ses élèves. L’éducation physique prenait une place considérable dans son enseignement, et plus particulièrement la gymnastique. Dans la cour de récréation, il y avait ainsi un cheval d’arçon, des barres parallèles, une barre fixe,... Il y avait presqu’autant de temps consacré aux exercices du corps qu’à ceux de l’esprit. Ce n’est pas pour rien que son école se dénommait « école Natura ».

Lorsque le printemps était de retour, l’instituteur emmenait ses élèves à travers champs ou à travers prés à la découverte de la nature. C’était sur le terrain que se prodiguait l’apprentissage des végétaux et des animaux : distinguer l’orge de l’avoine, distinguer le chant des oiseaux, … Par ailleurs, le cours d’histoire se déroulait parfois en bordure d’un étang le long de la nationale 4. Il n’était pas rare qu’à la belle saison et par beau temps, l’instituteur partait toute la journée avec ses élèves ou donnait ses cours en plein air dans la cour de récréation.
Chaque journée de classe était différente de la précédente. Parfois, l’instituteur apprenait à ses élèves la fabrication des crêpes. A d’autres moments, celui-ci leur coupait les cheveux.

Constant Leclercq habitait à Wavre, sa ville natale, et se rendait tous les jours à bicyclette à l’école Natura pour y dispenser ses cours. Paradoxalement, issu d’une famille profondément catholique, celui-ci était devenu l’emblème des parents d’obédience laïque, voire anticléricale.
Constant Leclercq prit sa retraite en 1960, après 28 années d’enseignement à l’école Natura. Cet instituteur fut véritablement l’âme de cette école, tant et si bien que lorsqu’il quitta Nil, l’école Natura ferma définitivement ses portes.

S’étant retiré dans la capitale du Brabant wallon, il finit sa vie dans un home à la rue de la Limite à Wavre, plusieurs années après avoir perdu son épouse et sa fille.